vendredi 31 juillet 2020

Critique de SONIC LE FILM (2020) de Jeff Fowler




💡 À savoir :

Sonic, le film est réalisé par Jeff Fowler qui signe ici sa toute première réalisation hollywoodienne, après avoir été directeur de projets au sein d'une société californienne de renommée mondiale, spécialisée dans les effets spéciaux et l'animation. Fan inconditionnel de ce jeu vidéo depuis l'âge de 13 ans, en fin de compte c'est près de 30ans plus tard qu'il se chargera de mettre en scène le fameux hérisson pixelisé sur grand écran en guise de baptême cinématographique.

Cette adaptation connut un immense "bad buzz" un an avant même sa sortie. En effet, début 2019, une première photo avait été dévoilée et circulait sur internet. Sur cette affiche, une silhouette de l'ambassadeur de SEGA était présentée, mais seulement ses contours musclés sans aucun détail dévoilé, faisant douter fortement au préalable sur l'éventuel ratage esthétique de notre boule de piques préférée. Fin avril 2019, la bande-annonce sort officiellement et tombe tel un couperet pour tous les fans. Non seulement le design de Sonic ne respectait absolument pas du tout le style du personnage notoire original bien connu depuis sa création en 1991 sur console megadrive, mais par dessus le marché, il était réellement hideux à en faire peur n'importe quel bambin innocent. Apparence réaliste complètement hors sujet et malaisante, plastique humanoïde longiligne repoussante, le mammifère de course ressemblait plutôt à un homme portant un costume effrayant de fête foraine. Il n'en fallait pas davantage pour que la toile s'enflamme, et les complaintes furent nombreuses tant cette bande-annonce fut vécue comme un véritable affront.

Même Yuji Naka, le créateur original de Sonic, n'a pas vraiment fait preuve d'un enthousiasme manifeste face à la laideur épouvantable d'une telle bouillie numérique à la sauce américaine.

Finalement, Jeff Fowler a tenu compte de toutes ces reproches (unanimes et justifiées) et a fini par déclarer qu'ils allaient corriger tout le design du protagoniste. Ainsi, cela donna lieu à une refonte intégrale du petit bolide bleu, faisant le bonheur des amateurs, même si cela dut repousser la sortie en salles maintes fois de novembre 2019 jusqu'à la mi-février 2020. En effet, cette situation totalement sans précédent de rectification visuelle d'une figure mythique de la culture pop, à la demande du public, et à la dernière minute quelques mois avant sa sortie, a bel et bien pu rassurer tout le monde à la vue du résultat final. Il faut bien avouer que la version définitive semble tellement plus satisfaisante et fidèle au héros-isson bleu.

Gants blancs iconiques récupérés, forme du corps arrondie comme il faut, son anthropomorphisme horrible fut remplacé par un style cartoonesque qui colle parfaitement cette fois. Ce look refondu paraît enfin correspondre aux yeux de tous de sorte à colmater les mauvaises impressions du premier trailer.

Les portages de licences vidéoludiques au cinéma n'ont jamais eu bonne réputation auprès des critiques ou des spectateurs, car ils ne sont pas nécessairement des gages de qualité, bien au contraire. Et pourtant, en dépit des nanars cosmiques qu'ont pu être Mario Bros, Street Fighter, ou Mortal Kombat, il faut savoir que nous sommes passés à coté d'un long-métrage sur Sonic. Egalement prévu en début des années 90, et sans avoir le même scénario, il aurait déjà dû être tourné en "live action" avec un hérisson bleu en images de synthèse au milieu d'environnements et d'acteurs réels de notre monde. Projet fort heureusement abandonné car, vu l'expérience que nous avions en matière d'effets numériques qui en étaient à leurs balbutiements à cette époque, autant dire que nous avons certainement échappé à un probable énième navet intersidéral.

En terme de casting, cette aventure met d'abord en avant James Marsden (The box) qui interprète le rôle du gentil shérif rigolo Tom Wachowski, déjà habitué à donner la réplique à une boule de poils numérique face à Robby le lapin qui parle, dans HOP en 2011. Entouré de sa femme Maddie incarnée par Tika Sumpter (The old man & the gun) et de son nouvel ami, Sonic, doublé par Ben Schwartz, acteur / doubleur dans de nombreux dessins-animés, et par le comique Malik Bentalha en version Française. Enfin, Jim Carrey (Man on the moon) joue le méchant Docteur Robotnik, et il se régale!

A ------ Je démarre droit devant sans faire attention à rien autour de moi.
B ------ Je m'étonne du radar qui indique une vitesse de 1224 km/h.
C ------ Je regarde dans le rétroviseur, je hurle de peur, et je déclenche une marche arrière.

📖 L’histoire :

En brève introduction, nous faisons la connaissance du jeune Sonic, hérisson bleu qui, comme son nom l'indique, est capable de se déplacer à une vitesse supersonique. Encore enfant, il s'amuse à courir tel un dératé sur sa planète lointaine, et cela lui vaut des avertissements de sa protectrice, Longclaw la chouette. En effet, il ne faudra pas attendre longtemps avant que le duo se fasse attaquer par une tribu d'échidnés (clin d’œil) qui convoite le pouvoir exceptionnel du petit boute-en-train. Dans un dernier acte de bravoure avant de se sacrifier, la matriarche ailée confie à son protégé un sac rempli d'anneaux ayant la capacité de créer des portails entre les planètes, et le balance à travers l'un d'eux afin qu'il puisse s'échapper.

Notre héros va se retrouver sur notre bonne vielle Terre. Après une rapide ellipse, 10 ans se sont écoulés, tandis qu'il a élu domicile à l'intérieur d'une grotte aménagée à sa sauce, près de la ville de Green Hills (clin d’œil) perdue dans l'Etat du Montana. Nous pouvons donc constater que Sonic vit une existence secrète, où il se cache constamment des humains, ce qui n'empêche pas une légende locale de se créer à son sujet et de se propager en ville.

Accablé de cette profonde solitude accumulée après toutes ces années sans aucun contact social, il finit par déclencher accidentellement une énorme panne générale qui touche tout le Nord-Ouest américain. Cette grave imprudence lui vaudra d'attirer l'attention du gouvernement, qui lance à ses trousses le redoutable Docteur Robotnik armé de son intelligence démesurée, et de ses troupes innombrables de robots drones militaires. Considéré à la fois comme le plus éminent des génies incompris, et un dangereux psychopathe sans cœur, Robotnik va mettre tout ses moyens en oeuvre afin de découvrir le secret de la force véloce de Sonic et se l'accaparer.

Apeuré par la catastrophe qu'il vient de provoquer, Sonic se réfugie dans le garage de Tom Wachowski, aimable shérif de la ville qui s'ennuie de sa petite vie sans action, et de sa femme Maddy, vétérinaire de son état, couple moyen que le mammifère admire en cachette depuis longtemps. S'en suit une rencontre entre Sonic et Tom, qui se finit mal puisque le pauvre loustic en perdra son sac rempli d'anneaux magiques qui, par un enchaînement d’événements malencontreux, se retrouve téléporté au sommet d'un building de San Francisco à l'autre bout des Etats-Unis.

Privé de son unique et ultime voie de secours vers une planète sécurisée, il va faire culpabiliser le brave Tom à juste titre. De ce fait, le vaillant shérif va, bien entendu, accepter de l'aider dans sa quête. Les deux joyeux compères démarrent un road trip étendu à travers l’Amérique à la recherche des anneaux magiques, même si nous savons tous pertinemment que la vraie aspiration derrière ce voyage concerne la naissance d'une camaraderie, qui leur manque cruellement à tous les deux.

Ils vont devoir faire face à tous les dangers de la civilisation, traverser les embûches que le Docteur Robotnik sème sur leur route, et déjouer sa machination. Néanmoins ils vont aussi vivre des péripéties rocambolesques qui vont renforcer leur nouvelle amitié.

Ce Sonic est SSSSSSSSSSSSplendiiiiide !

📹 Réalisation / mise en scène :

La mise en scène n'a rien de particulièrement notable en général. La direction artistique est ordinaire, les paysages américains, tant dans la campagne qu'en ville, sont d'une banalité assez désolante concernant un tel univers si coloré.

La direction des acteurs est tout juste convenable, avec évidemment une mention spéciale décernée au désopilant Jim Carrey que l'on n'avait pas revu faire autant le guignol depuis presque 20 ans, et franchement ce retour en fanfare est réjouissant! Plaisir coupable que de le retrouver si hystérique et déchaîné, comme il en avait l'habitude fut un temps. À noter qu'il est le seul énergumène portant des costumes qui sortent un peu de l'ordinaire pour mieux coller à l’extravagance de son personnage.

La bande sonore n'a pas grand chose de mémorable, des tubes pop Américains sont balancés à la chaîne sans conviction ni authenticité, mais aident tout de même à dynamiser l'action. Puis, au milieu se cache le thème musical de la Green Hill Zone (clin d’œil), quand quelques illustres bruitages (clin d'oeil) sont employés en parallèle çà et là, en guise de récompenses à destination des connaisseurs du jeu vidéo éponyme.

Les scènes d'action sont classiques, déjà familières si on a déjà vu quelques histoires illustrant le pouvoir de la super-vitesse. Des ralentis montrant la différence spatio-temporelle entre Sonic ultra rapide et le monde qui l'entoure, des courses poursuites qui font défiler des décors à toute allure, des chutes vertigineuses d'un gratte-ciel, toutes les ficelles habituelles du genre sont bien présentes.

Le personnage de Sonic est admirablement fidèle, espiègle et malicieux, on reconnait pleinement son caractère si singulièrement taquin. Son visuel est tout aussi réussi depuis que l'avis du public est passé par là, sommant à la production de le corriger, même si son incrustation au cœur de l'image n'est pas forcément toujours formidablement soignée.

La relation d'amitié qui se développe entre les deux acolytes finit par être touchante malgré tout. Et la conclusion nous donne fortement envie de voir la suite.

Quand tes Pokéballs sont un peu détraquées.

💛 Impression générale :

Tous les premiers aficionados de l'égérie emblématique de SEGA pourraient déplorer le manque de créativité et d'audace dont fait preuve cette adaptation sur grand écran. Cependant, ce serait oublier qu'elle reste l'une des meilleurs représentations d'une licence vidéoludique recensée en salles de cinéma, parmi un océan de flops, et autres fiascos phénoménaux en tout genre. Ici, il vaut mieux abaisser ses attentes au préalable, et là, on ne peut qu'être agréablement surpris du fait que le visionnage puisse se faire sans déplaisir ni énorme déception, et qu'il remplit honorablement et habilement son contrat de "divertissement pour enfants", tout en distrayant les parents.

En clair, ce film Sonic n'a aucune prétention spécifique, mis à part de passer un bon moment en compagnie d'une mascotte rigolote pour les plus jeunes, et avec une grosse dose de nostalgie pour les moins jeunes. D'ailleurs l'accent est mis sur les allusions et les clins d’œil à la licence, visuels et sonores, qui abondent sur la bobine, de quoi ravir les fans du hérisson.

Il est l'un des seuls qui put tirer son pique du jeu durant la période de confinement des populations, car comptant un budget approchant les 100 millions de dollars (dont on se demande un peu où ils ont pu passer à l'image, si ce n'est le salaire de Jim Carrey) il rapporta 306 millions de dollars au box office mondial, alors même qu'il ne sort en Chine qu'en ce 31 juillet. De cette manière, il s'assure une suite dont la sortie est déjà officialisée au 8 avril 2022, ce qui devrait arriver en quatrième vitesse!

Direction le Mordor! Sauron n'a qu'à bien se tenir!

🏆 Notes parmi l'équipe :

Damien

Critique rédigée par Damien