« Il existe trois façons de porter la nuit à l'écran ; chacune a ses inconvénients, explique le réalisateur Thierry Machado, qui signa notamment la photo du Peuple singe (Gérard Vienne, 1989), de Microcosmos (Claude Nuridsany et Marie Pérennou, 1996) et du Peuple migrateur (Jacques Perrin, 2001). L'infrarouge donne de belles images, mais uniquement en noir et blanc. Les images produites par les caméras thermiques évoquent l'univers de la vidéosurveillance et des prises de vues militaires. » La troisième solution consiste à éclairer la nuit, à la rendre visible en la transfigurant. En utilisant une batterie de projecteurs HMI, qui font une lumière proche de celle du jour, François Bel et Gérard Vienne ont signé en 1976 La Griffe et la Dent. « Un animalier sur la faune africaine de nuit, techniquement très novateur, mais décrié à sa sortie par la communauté scientifique, relève Thierry Machado. En exposant les animaux à un éclairage puissant, le tournage modifiait évidemment leur comportement. »
Plus de trente ans après, la réalisation de certaines séquences d’Océans (Jacques Perrin, 2009) a exploité cette troisième technique. « Une barge de projecteurs orientés vers la mer pour produire l'effet des rayons de la Lune, se souvient son auteur Stéphane Durand, également à l'origine de La Nuit des éléphants avec Thierry Machado. Le seul problème était que la caméra ne devait pas sortir du champ précis où la lumière tombait. »
« Quand Thierry et Stéphane sont venus me trouver pour me dire qu'ils avaient un projet formidable – filmer la vie sauvage quand l'absence de lumière la soustrait à notre regard –, je rentrais du Japon, où l'on m'avait présenté une caméra ultra sensible : la Harp, explique Barthélémy Fougea, producteur de La Nuit des éléphants avec Jacques Perrin. Si la difficulté de l'entreprise ne m'a pas échappé, l'existence de caméras de ce type permettait de considérer la problématique nocturne… sous un nouveau jour. »
Si c'est bien la caméra Harp de NHK qui a donné l'idée de ce tournage, c'est finalement les boîtier Canon C500, et Canon EOS 1DC (tous deux 4K) qui ont été utilisés pour le tournage final.
C'est à la suite d'un incident de tournage que l'équipe technique découvra par hazard un moyen inédit de tourner la nuit. « Une série d'erreurs techniques qui ont produit une drôle d'image ; et cette image nous a mis sur la voie d'une solution à laquelle nous n'avions pas pensé, avance Thierry Machado sans vouloir en dire plus. Elle nous a fait comprendre que nous faisions fausse route en nous concentrant autant sur la sensibilité. En adoptant certains réglages et en adaptant sur notre caméra un certain dispositif mécanique que nous sommes trois à connaître, nous avons obtenu des images de nuit en couleur. »
Synopsis :
Un éléphanteau est né au bord d’une rivière.
Mais à peine a-t-il eu le temps de découvrir sa famille et son environnement que la matriarche sonne l’heure du départ : les oasis éphémères du Kalahari commencent à s’assécher et, bientôt, le jardin d’Eden redeviendra un désert impitoyable.Ainsi commence l’incroyable odyssée de l’éléphanteau et de sa famille sous la conduite de sa mère devenue matriarche. Un voyage long de plusieurs centaines de kilomètres à travers les espaces les plus sauvages et désolés de l’Afrique australe, une route qu’empruntent les familles d’éléphants depuis des millénaires. Ces pachydermes impressionnants en gardent la mémoire et la transmettent ainsi aux générations suivantes. La chaleur intolérable de la journée les poussant à devenir progressivement nocturnes, les éléphants nous font basculer dans le monde mystérieux et fascinant de la vie nocturne des grandes savanes africaines. Dans le secret de la nuit, des animaux jamais filmés dans ces conditions vaquent tranquillement à leurs activités quotidiennes. Lycaons, otocyons, oryctéropes, hiboux, porcs-épics, caracals..., des espèces étranges, inquiétantes parfois, qui d’habitude fuient dès qu’ils perçoivent la présence d’une lumière inhabituelle.
La saison sèche finit par rattraper notre petite famille d’éléphants. L’eau et les pâturages viennent à manquer cruellement : temps de disette, temps de confusion...
La matriarche parviendra-t-elle à maintenir l’intégrité de sa petite famille ?
L’éléphanteau échappera-t-il aux prédateurs comme à la sècheresse ?
Il leur faut pourtant tenir, coûte que coûte : les premiers orages grondent déjà au-delà de l’horizon, et les roulements de tonnerre que les éléphants perçoivent à des kilomètres annoncent le retour des pluies salvatrices…
Le film sera proposé le 7 janvier 2014 en Blu-ray ainsi qu'en VOD sur le service de vidéo à la demande "franceTV pluzzvad".
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